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Il Trovatore, Opéra-Bastille, Paris, October 2003
                                                     Roberto Alagna and Sondra Radvanovsky
                                                                                           Source: Altamusica

Roberto Alagna, Trouvère bien trouvé d'un drame embrouillé, Le Monde, 26, October 2003
"Il Trovatore" entró en el repertorio de la Opera Nacional de París, EFE, 25 October, 2003
Opéra de Paris: le retour de Roberto Alagna dans un "Trouvère" contesté, AFP, 24 October 2003
Un Trouvère pour le plaisir du chant, La Libre Belgique, 26 October 2003
Un Verdi qui divertit, Libération, 28 October 2003
Production catastrophe,  Gérard Mannoni, Altamusica, 28 October 2003 [external link]
Les voix du Trouvère, Vincent Agrech, Concertonet, 27 October 2003 [external link]
Il Trovatore, Financial Times, 28 October 2003
Alagna émerge d'un Trouvère décevant à la Bastille, Concertclassic 23 October 2003 [external link]
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Roberto Alagna, Trouvère bien trouvé d'un drame embrouillé
Marie-Aude Roux, Le Monde, 26, October 2003

Francesca Zambello met en scène une version hétéroclite de l'uvre de Verdi à Bastille.
Francesca Zambello ou l'art d'accommoder les restes : après Guerre et Paixde Prokofiev en février 2000, Boris Godounov en octobre 2002 et Guillaume Tell en mars 2003, la nouvelle mise en scène de l'Américaine pour l'Opéra Bastille propose cette fois un mixed grill des précédentes. On retrouvera les grandes découpes scéniques triangulaires (drapeau de bois avec croix en métal ouvrant et fermant la scène comme un volet) et surtout cette "diagonale du fou" que Zambello affectionne et qui fait du plan incliné le médiateur du drame.

Dans l'introduction, on a la curieuse impression d'assister à une veillée d'armes sur la planète des singes, les soldats chimpanzés grimpant aux parois ; quant à l'acte final, soulagement général lorsque la mort et la musique délivreront des condamnés à mort chantant agrippés aux barreaux de leurs cages.

Syncrétisme ou brouillage esthétique ? Décors et costumes mêlent encore les pistes de cette histoire embrouillée de vieille Gitane brûlée vive pour avoir regardé de travers un fils de comte, la vengeance de sa fille Azucena enlevant ledit fils de comte (Manrico) pour le sacrifier et tuant sans le vouloir son propre enfant, enfin de cet enfant devenu le Trouvère, amoureux de la belle Leonora et rival de son propre frère, le comte di Luna, qui le fera finalement exécuter.

AU BORD DU BEL CANTO

Brouillage donc, avec des costumes qui vont de la fin du Moyen-âge au début du XXe siècle, un décor de complexe minier désaffecté. Synchrétisme zambellien, ces vestiges de bataille napoléonienne et ces paysages de neige (merci Guerre et Paix), grands escaliers et praticables qui ne le sont que de nom sur fond de couleurs brossées à grands traits (merci Boris Godounov). De Guillaume Tell, on reconnaîtra le ridicule de situation, le clou étant l'arrestation de cette pauvre Azucena, qui verra se pointer sur elle la gueule d'un canon grandeur nature avant que d'être rouée et roulée dans les coulisses !

Cette nouvelle production du Trouvère à l'Opéra de Paris (la précédente remontait à mai 1973 !) ne restera que parce qu'y fut salué le retour de Roberto Alagna, qui n'avait pas chanté à Bastille depuis 2001. Silhouette amincie et de belle prestance, le ténor français a prêté au rôle sa musicalité déliée et riche de couleurs dans le médium, seul à maintenir l'uvre là où Verdi se tient encore, au bord du bel canto.

Ce qu'ignoreront sans vergogne ses partenaires, la puissante et versatile Azucena de Dolora Zajick, la Leonora de Sondra Radvanovsky, timbre d'airain superbe mais raide de phrasé. De même le baryton serbe Zeljco Lucic, arrivé quelques heures plus tôt pour remplacer le comte di Luna souffrant du Géorgien Lado Ataneli, et, de loin, le plus crédible scéniquement - car sans doute épargné par les répétitions...

Dans la fosse, la direction vériste de Mauricio Benini aura sans doute voulu contrebalancer le côté erratique d'une mise en scène où personne ne paraît sûr d'être vraiment là.

Il Trovatore, de Verdi. Avec Roberto Alagna (Manrico), Sondra Radvanovsky (Leonora), Zeljco Lucic (le comte di Luna), Dolora Zajick (Azucena), Orlin Anastassov (Ferrando), Martine Mahé (Ines), Orchestre et Churs de l'Opéra national de Paris, Maria Björnson et Adrian Linford (décors), Sue Willmington (costumes), Peter Mumford (lumières), Francesca Zambello (mise en scène), Mauricio Benini (direction). Opéra-Bastille, place de la Bastille, Paris-11e. Mo Bastille. Le 23 octobre. Prochaines représentations le 26 octobre à 14 h 30, les 29 octobre, 1er, 5, 8, 12 et 15 novembre à 19 h 30. De 10  à 114 . Tél. : 08-92-89-90-90.


"Il Trovatore" entró en el repertorio de la Opera Nacional de París
EFE, 25 October, 2003

"Il Trovatore", de Giuseppe Verdi, entró la noche del jueves en el repertorio de la Opera Nacional de París, con un excelente reparto vocal encabezado por el tenor Roberto Alagna, la mezzo soprano Dolora Zajick y la soprano Sandra Radvanovsky.

Las dos voces femeninas protagonistas, ambas estadounidenses, fueron uno de los grandes regalos de la noche y de esta obra de imposible argumento, creada por Verdi, en busca de "temas nuevos, grandes, bellos, variados", y audaces "hasta el más alto grado".

El público ovacionó en consecuencia a Dolora Zajick (Azucena) y a Sandra Radvanovsky (Leonora), dada, además, la dificultad de encontrar grandes cantantes capaces de servir esta ópera en cuatro actos, cuya última versión parisiense se estrenó en 1973.

Tampoco defraudó, y fue despedido con los aplausos y bravos más contundentes, el tenor francés de origen siciliano, Roberto Alagna, quien dio vida con maestría a Manrico, trovador que ama y de quien se enamora Leonora y líder rebelde de la guerra civil, secuestrado de niño por la gitana Azucena, en el palacio de los Luna.

Las dimensiones de la Opera de la Bastilla no permitían, sin embargo, disfrutar plenamente de su talento vocal, como el mismo Alagna explicó indirectamente hace unos días a la prensa francesa, al evocar la tendencia actual de hacer salas "cada vez más grandes" y de que "los instrumentos sean cada vez más sonoros".
Lo que, lamentaba, "hace difícil cultivar la ligereza".


Opéra de Paris: le retour de Roberto Alagna dans un "Trouvère" contesté
Agence Presse-France, 24 October 2003

La nouvelle production du "Trouvère" de Verdi à l'Opéra de Paris a vu, jeudi soir à l'issue de la première, sa mise en scène et ses décors, encombrés par des rails de chemin de fer, copieusement hués par le public qui a fait en revanche un triomphe à Roberto Alagna dans le rôle-titre.

Le ténor français qui, depuis 2001, n'avait pas chanté pour la première scène lyrique française, effectue sa rentrée parisienne avec cette réalisation programmée à l'Opéra-Bastille à huit reprises jusqu'au 15 novembre. "Le trouvère" n'était plus affiché à l'Opéra de Paris depuis les années 70.

Dans une distribution qui ne brille pas dans l'ensemble par le style, Roberto Alagna avec de très jolis effets de voix mixte, s'efforce dans le rôle de Manrico, le trouvère, d'y revenir bien qu'écartelé parfois entre le drame et le beau chant.

Ouvrage de la première maturité de Verdi, "Le trouvère" exige en effet encore un art de chanter bel-cantiste avec trilles, vocalises, cadences, notes d'agrément, nuances douces qui l'apparentent aux opéras de Bellini et Donizetti.

Les partenaires de Roberto Alagna, dotés au demeurant de voix puissantes, tirent la partition du côté du drame vériste à la Puccini, notamment la mezzo américaine Dolora Zajick (la Bohémienne Azucena) et sa compatriote la soprano Sondra Radvanovsky (Léonore).

La direction musicale de l'Italien Maurizio Benini va dans le même sens et manque de logique rythmique.

Quant à la mise en scène, signée par l'Américaine Francesca Zambello, elle se signale par des options décoratives et de costumes de Maria Bjornson et Sue Willmington, qui n'éclairent pas une intrigue pleine d'invraisemblances et elle réclame des interprètes athlétiques.

L'action sensée se passer au XVème siècle est transposée, semble-t-il, dans un XIXème siècle, un pays, un contexte de révolution, peu clairs. Le plateau où courent des rails, est cerné par des tours métalliques agrémentées d'échelles et d'escaliers que les interprètes ont à grimper ou descendre.

Solistes et choristes ont aussi à se maintenir sur des parois en pente et la bohèmienne Azucena, après son arrestation, est attachée sur une des roues d'un énorme canon qui l'entraîne dans la coulisse la tête en bas...


Un Trouvère pour le plaisir du chant
Nicolas Blanmont, La Libre Belgique, 26 October 2003

Retour à l'Opéra de Paris d'un Roberto Alagna en forme. À ses côtés, Sondra Radvanovsky confirme. Mise en scène? Quelle mise en scène?

ENVOYÉ SPÉCIAL À PARIS

Les alentours de l'Opéra Bastille avaient des allures de Bayreuth hivernal jeudi: malgré le froid piquant, des candidats spectateurs arpentaient le pavé de la célèbre place avec en main le rituel écriteau «Cherche carte». Dans la salle, le tout-Paris se pressait pour entendre les débuts parisiens -mais pas dans le rôle- de Roberto Alagna en Manrico.

Le ténor français s'était fait plutôt rare dans les théâtres de son pays, et cette nouvelle production du «Trovatore» faisait figure de retour au bercail après quelques mois de bouderies dues, selon les rumeurs, aux exigences trop élevées d'Alagna et de son épouse Angela Gheorghiu. A la différence de l'enregistrement d'Antonio Pappano paru voici deux ans (EMI), Alagna n'avait d'ailleurs pas ici la soprano roumaine pour Leonora.

Comme Zorro

Alagna est assurément un Manrico de grande qualité: juvénile et enthousiaste, il a évidemment le physique et l'allure du rôle, lui qui voit d'ailleurs dans la dualité du personnage -d'origine noble, mais élevé par une gitane- le reflet de sa double ascendance italienne et française. Il se meut avec aisance -avec son chapeau de Zorro, il brette comme lui en remontant à reculons les marches d'un escalier-, a les moyens du rôle et la voix nette et bien posée.

Si les puristes mégoteront peut-être sur l'une ou l'autre question de style, le résultat est indéniablement efficace: quand vient le fameux contre-ut final (apocryphe, mais apparemment toléré par le compositeur) du «Di quella pira», c'est le délire dans la salle.

La part du lion

Pourtant, les moments les plus suaves et les plus intenses viennent de la Leonora de Sondra Radvanovsky: physique gracieux, voix pure et pourtant d'une incroyable projection, timbre velouté, mais la soprano américaine, déjà remarquée en juin dernier à la Bastille dans «Les Vêpres siciliennes», fait frissonner le public dès «Tacea la notte placida» et se taille fort justement la part du lion aux applaudissements. Il faut retenir son nom, car elle est assurément une valeur montante du chant lyrique aujourd'hui.

L'Azucena de Dolora Zajick, au grave superbe, ne dépare pas le tableau, la seule faiblesse -excusable- du plateau venant du Luna du jeune baryton serbe Zeljko Lucic, arrivé quelques heures plus tôt à Paris pour remplacer au pied levé Lado Ataneli, souffrant.

La direction musicale de Maurizio Benini est efficace et compétente à défaut d'être réellement imaginative. Benini est italien, mais on pourrait employer pour lui le mot allemand pour «expérimenté»: «routiniert».

Voies ferrées

Une fois encore, l'Opéra de Paris a confié la mise en scène à Francesca Zambello et une fois encore, on se demande pourquoi.

L'Américaine vit sur la réputation de son «Billy Budd» de 1996, mais ce «Trovatore» est plutôt du niveau scénique de son «Guillaume Tell» de la saison dernière: une science consommée du remplissage de l'espace, mais une absence totale de travail sur la psychologie des personnages et une direction d'acteurs aux abonnés absents. Du genre encombrant, les décors sont spectaculaires mais passe-partout, évoquant une campagne en voie d'industrialisation à la fin du XIXe iècle, avec force voies ferrées dans lesquelles les chanteurs se prennent les pieds (y compris Leonora pour son entrée au couvent!). On est décidément curieux de savoir quelles productions de la Bastille trouveront grâce aux yeux de Gérard Mortier quand il devra choisir les reprises à mettre au programme de l'Opéra de Paris.

Réponse début mars 2004, quand le Gantois présentera sa première saison.



Un Verdi qui divertit
Eric Dahan, Libération, 28 October 2003

Opéra. Roberto Alagna, honnête «Trouvère» à Bastille.

Il Trovatore Opéra en 4 actes de Giuseppe Verdi. Livret de Salvatore Cammarano. Dir. mus. Maurizio Benini. Ms en sc. Francesca Zambello. Les 29/10 et 1er, 5, 8, 12 et 15/11 à l'Opéra-Bastille. Loc. 08 36 69 78 68

Deuxième opéra de la «Trilogie populaire» de Verdi, Il Trovatore est celui dont l'écriture vocale touche littéralement au solaire. Malgré l'invraisemblance de son livret et une structure musicale régressive faisant se succéder airs et duos, les mélomanes sont toujours ravis de s'y replonger, même si les vocalistes capables de chanter Verdi sont rares aujourd'hui. Ce que confirmait la nouvelle production du Trouvère dévoilée jeudi à l'Opéra-Bastille. Son attrait premier est la présence de Roberto Alagna en Manrico, l'un des héros véristes les plus aimés du public, popularisé par Senso de Visconti. Chef des rebelles, enfant volé et troubadour, Manrico est le miroir rêvé d'Alagna : joli coeur chevaleresque prêt à mourir par amour ou idéal. Dans la première partie, le ténor, intonnant assez bas, quand il ne détonne pas littéralement, peine à convaincre. Son tempérament plutôt lyrique s'épanouit dans la seconde partie élégiaque, où sa projection vaillante et son aigu rayonnant triomphent des arias (Riposa o madre dans la prison) et cabalettes virtuoses.

Il n'est pas seul à la peine, dans ces deux actes où la mezzo Dolora Zajick, formidable Azucena pour la couleur, est trahie par un vibrato trop large qui, dans le médium, donne l'impression qu'elle a été remixée. Remplaçant de dernière minute, le baryton serbe Zeljco Lucic sonne court de souffle en comte de Luna, manque de mordant dans les attaques et d'assise dans les graves.

Mais Sondra Radvanovsky est un bonheur de liberté métrique, de legato et de fraîcheur belcantiste, dans les mélodies belliniennes écrites par Verdi pour le personnage de Leonora. La baguette fruste et précise de Maurizio Benini est idéale pour cet opéra au premier degré, où airs accompagnés d'un contrepoint minimal, choeurs patriotiques et effets sonores de chromo (coups de cloches dans le lointain...) réclament d'abord des équilibres honnêtes.

Pour mettre en scène le roman familial au parfum de soufre et de sang, Francesca Zambello a appliqué ses grosses ficelles, connues à Bastille. Mais, hormis l'absence de direction d'acteurs et des détails croquignolesques suscitant l'hilarité, la Canadienne réussit à divertir avec sa prison oblique, ses jardins au clair de lune, ses camps de soldats et de gitans, son exécution sous la neige. Le mélange habituellement agaçant des genres et des époques, matériaux industriels et toiles peintes, accentue de façon intéressante ce sentiment d'errance et de répétition de l'histoire qui est la matière du livret, et souligne le rapport naïf et décalé du spectateur d'aujourd'hui, dans son désir de succomber à des conventions d'un autre âge.


Il Trovatore
Francis Carlin, Financial Times, 28 October 2003

The programme book cover shows a boy soldier from the Spanish Civil War.
It's a red herring announcing a production that chokes on red herrings. Sue
Willmington's costumes yank us from the 1920s via the Franco-Prussian war
and on to nuns kitted out like auxiliary nurses from the first world war.
This patchwork might charitably be construed as an attempt to make the story
"universal", but that's generally a poor excuse for lack of vision.

The grim, metallic sets are a sad epitaph for the late Maria
Björnson'scareer. Adrian Linford completed her sketches. Is this mine, with
its railway track, the gold rush in California? Or a quick fit for La
Fanciulla del West? We're lost, and so is the production team.

Like the incongruous, classically ornate metal bridge that is raised and
then lowered, never to be seen again, Francesca Zambello's production is
strewn with inconsequential stage effects. "Have prop, must use it" is her
constant motto. There's a cannon with huge wheels, so why not drag it
awkwardly downstage, strap the hapless Dolora Zajick (Azucena) to it and
send her spinning (audience mirth) into the wings to end the act?

Roberto Alagna (Manrico) opts out of this futile circus, indulges in brazen
showmanship and laps up the ovations. We forgive him because this is stylish
tenor singing of a kind we hear all too rarely: a trifle lightweight at
times but constantly musical with ravishing diminuendi. His Leonora is the
impressive Sondra Radvanvosky who clears all the difficult hurdles with brio
but curiously tends to stray into unidentified tonal territory when least
expected.

Zeljco Lucic's boorish, flat Luna is an unhappy 11th-hour replacement for
the indisposed Lado Ataneli but Orlin Anastassov's excellent Ferrando
fleshes out a minor character. Reliable Zajick fires chest voice salvoes
into the audience and takes no prisoners. Conductor Maurizio Benini has
difficulty tracking Alagna but commendably draws sensitive detail from a
score too often dominated by tub-thumping histrionics.


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This page was last updated on: November 1, 2003