SABBATINI MAIN PAGE
SABBATINI REVIEWS INDEX
SABBATINI ARTICLES INDEX
VOCE DI TENORE SITE MAP
SITE NEWS & UPDATES
REVIEWS
Mitridate, Paris (Chatelet), March 2000

Mitridate au Chatelet (pour), Gérard Mannoni, Altamusica, 23 March 2000
Mitridate au Chatelet (contre), Eric Sebag, Altamusica, 1 January 2000

______________________________________________________________
Mitridate au Chatelet (pour)
Gérard Mannoni, Altamusica, 23 March 2000

Mitridate de Mozart était l'un des curiosités les plus attendues de la saison lyrique parisienne. Opéra de jeunesse très rarement représenté, Mitridate bénéficie au Châtelet des forces conjuguées de Jean Pierre Vincent (mise en scène), Jean-Paul Chambas (décors) et les Talens Lyriques de Christophe Rousset. À l'image de la presse française nos critiques sont partagés.
 
Pour défendre cette partition d'un Mozart de quatorze ans s'esseyant au genre lyrique, il ne fallait lésiner sur rien. Cette longue suite d'airs da capo développant une action assez conventionnelle sans la moindre hâte a été transformée par l'équipe du Châtelet en une somptueuse fresque néo-classique, débordante de passions, de sensibilité, aussi agréable pour l'oreille que pour l'oeil. Jean-Pierre Vincent a choisi de " jouer " les sentiments et les quelques retournements de situation, sans grandiloquence, mais de manière très expressive. Ces personnages royaux souffrent et luttent comme tout un chacun malgré l'extrême sophistication du langage musical et vocal par lequel ils s'expriment. De sa part, comme de celle de Christophe Rousset au pupitre des Talents Lyriques, il y a notamment une volonté de donner une justification gestuelle et dramatique aux ornements qui dès lors ne paraissent plus comme un artificiel hommage aux qualités techniques des chanteurs. Dans des couleurs franches rappelant le vert pâle et le coq de roche Directoires plus qu'Empires, Chambas a conçu des décors sobres, laissant de vastes perspectives à l'action et permettant de larges déplacements aux protagonistes. C'est beau, expressif, mais n'encombre jamais la vue, ce qui aurait été une surcharge inutile pour une musique déja très ornée. La direction de Christophe Rousset a en direct toutes les qualités de son enregistrement (Decca) et tous les chanteurs sont à louer de manière superlative, qu'il s'agisse du Mitridate de Sabbatini dont la voix si vaillante se révèle capable des plus tendres nuances, de la très sensuelles Aspasia de Patrizia Ciofi, du très crédible Sifare de Barbara Frittoli et de tous les autres dont la ravissante Ismène de Sandrine Piau. Tous vocalisent en grands virtuoses et jouent en vrais tragédiens, sans oublier le contre-ténor Brian Asawa, Farnace aussi agressif que vulnérable. Reste néanmoins la longueur de l'ouvrage qui passe ici grâce à l'excellence du spectacle, mais qui rappelle tout de même qu'à l'époque, les m¦urs théâtrales étaient autres et que l'on ne restait pas coincé presque quatre heures dans son fauteuil, même si les entractes permettent aujourd'hui une brève décompression ! 

Nouvelle production de Mitridate au Théâtre du Chatelet, Paris.
Direction musicale : Christophe Rousset- Mise en scène : Jean-Pierre Vincent- Décors : Jean-Paul Chambas- Costumes : Patrice Cauchetier- Les Talents Lyriques.
Avec Giuseppe Sabbatini (Mitridate)- Patricia Ciofi (Aspasia)- Barbara Fritoli (Sifare)- Brian Asawa (Farnace)- Sandrine Piau (Ismène)- Anne-Lise Sollied (Arbate)- Marc Tucker (Marzio)


Mitridate au Chatelet (contre)
Eric Sebag, Altamusica, 1 January 2000

Par définition, un théâtre est un espace clos, fini. Que demander donc à une mise en scène, sinon d'au moins pousser les murs et d'abolir les cloisons ? Pour remplir ce contrat, Jean Pierre Vincent et Jean Paul Chambas ont créé de larges perspectives en s'inspirant d'une esthétique dépouillée à la de Chirico. Mais leur verve créative s'est, semble-t-il, tarie après cet acte de bravoure. Toutefois, il y a peut-être ici un filon à creuser : à quand un Lucio Silla restylé Mondrian et un Idomeneo furieusement tendance Chagall ? Peu coutumier des scènes lyriques, Jean Pierre Vincent a opté pour la prudence côté mise en scène. Il se contente de planter le décor et d'orchestrer de rares mouvements de troupes parmi les figurants, à l'issue de longues périodes d'immobilités. Même sobriété du côté des chanteurs, seulement astreints à quelques génuflexions sporadiques. Étrangement, l'ensemble paraît beaucoup plus figé que le moindre tableau de David. À tout prendre, cette mise en scène économe est préférable à bien des transpositions douteuses. Jean Pierre Vincent a choisi de s'effacer devant la musique, rendons lui au moins ce bon goût-là.

Mais justement, son jeune compère musicien lui aussi a choisit de s'effacer devant la partition. Au début, on est agréablement surpris par le volume et la dynamique de l'orchestre qui remplit une salle souvent surdimensionnée pour les formations sur instruments d'époque. Mais l'opéra dure plus de trois heures et l'on réalise vite que Christophe Rousset a brûlé toutes ses cartouches dès la moitié du premier acte. Mitridate est une oeuvre complexe et riche en rebondissements. Le chef n'en a cure et applique le même traitement énergique ou semi-suspendu à chaque épisode. Il est indifférent à toute progression dramatique. Plus surprenant, il méconnaît toute notion d'agogique, c'est-à-dire de modification transitoire du tempo pour souligner un événement quelconque de l'action. Dès lors, la monotonie est garantie et l'on aimerait être "Mithridatisé" contre un poison si lancinant. Heureusement, la distribution vocale elle soutient l'attention. Les Italiennes Ciofi et Frittoli brillent par leur engagement et leur sens dramatique, sinon par la précision de leurs vocalises. Plus exacte mais non moins passionnée, Sandrine Piau confirme son talent de Mozartienne. Brian Asawa est un Farnace agile et juste. Seul Sabbatini s'est trompé de scène, son style vériste et son timbre nasal hypertrophié détonnent ; mais finalement pas moins que ce chef qui dirige droit dans ses bottes, même un 1er avril !

GO TO TOP OF PAGE

This page was last updated on: July 6, 2003