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Concert, Théâtre des Champs-Elysées, Paris, 24 November 2008

Concert, Opéra Royal de Wallonie,  Liège, 5 December 2008
Juan Diego Flórez & Michele Mariotti
Photo: Opéra Royal de Wallonie

                    
                    Le chant magnétique de Juan Diego Flórez, Le Figaro, 1 December 2008
                    Juan Diego Florez: Théâtre des Champs-Elysées, Opéra, N°36 January 2009
                    Un géant du bel canto, Le Soir, 8 December 2008

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Le chant magnétique de Juan Diego Flórez
Claire Chazal, Le Figaro, 1 December 2008

Un véritable show l'autre soir au Théâtre des Champs-Elysées ! Le ténor, un autre immense, péruvien celui-là, a accepté tous les rappels, joué à se chamailler avec le chef d'orchestre et nous a même raconté sa nuit précédente, visiblement tordu de douleur par des dérangements digestifs et intestinaux. Le public a eu droit à quelques détails. Juan Diego Flórez est donc un être humain ! Et pourtant sa voix a quelque chose de surnaturel. Emotion avec Bellini, virtuosité avec Rossini et ce moelleux avec les deux airs de zarzuelas espagnoles. La star a conquis depuis un certain temps maintenant les Français. Il chantera d'ailleurs avec Natalie Dessay dans La Somnambule au printemps prochain à New York. Avec son nouvel album qui s'appelle Bel Canto Spectacular, il est sûr de nous emballer, d'autant qu'il est capable, même un peu souffrant, d'offrir tous les mélanges de styles, entre le lyrisme italien et nos grands compositeurs d'opéras. Quelle aisance ! Quelle prestance ! Son épouse, longs cheveux blonds, spectaculaire, n'en laissait rien perdre au premier rang de corbeille.
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Juan Diego Florez: Théâtre des Champs-Elysées
Jean Cabourg, Opéra, N°36 January 2009

Une indisposition a failli nous priver de cette soirée d'exception. Juan Diego Florez, heureusement rétabli au lendemain d'une méchante gastralgie, nous a semblé plus déboutonné qu'à l'ordinaire, visiblement heureux d'avoir recouvré la totalité de ses moyens. Secondé par un Orquestra de Navarra complice, sinon toujours irréprochable, sous la baguette de Christopher Franklin, le ténor le plus accompli du moment a, une fois encore, démontré que dans les répertoires belcantistes et romantiques italiens, avec ou sans aigus additionnels, il est chez lui comme personne.

La cavatine de Tebaldo (I Capuleti e i Montecchi), écrite pour le modeste Lorenzo Bonfigli, est prétexte à une mise en voix dont les bienfaits nous valent une cabalette impeccable. Avec Don Narciso (Il Turco in Italia) taillé aux mesures de Giovanni David, le ténor contraltino aux trois octaves, l'enjeu est tout autre, mais Florez assume avec brio une écriture exigeante sur toute son étendue, avec ce sens inné de la grâce rossinienne qui va bien au-delà de la simple agilité, en faisant du moindre trait le prolongement naturel d'un phrasé inspiré. Le registre tenorino de Don Ramiro (La Cenerentola), plus crânement suraigu, est celui dans lequel le chanteur s'est jusque là le plus naturellement imposé : il persiste et signe avec un « Si, ritrovarla io giuro » précédé d'un récitatif parfait, et comme toujours aux ut dièse sidérants. Avec en plus, dans l'andantino de cet air de bravoure, une sensualité qui est la marque d'une maturité nouvelle.

Les deux extraits de zarzuelas de Soriano (El guitarrico) et Saavedra (Los Emigrantes) mettent en évidence les affinités du chant ibérique avec la virtuosité belcantiste, dans le souvenir du grand Manuel Garcia et de Fleta. Une parfaite maîtrise de la phonation française, un style suprêmement épuré font de l'air de Fernand dans La Favorite (« La maîtresse du Roi ») un des sommets de la soirée. Plus aventuré, l' « Asile héréditaire» d'Arnold dans Guillaume Tell ? En lui-même, non, dans la mesure où notre ténor l'adapte à ses moyen, en en soulignant noblement le legato. Davantage le récitatif (« Ne m'abandonne point ») et la cabalette (« Amis, amis »), le bas-medium de l'un et les assauts de l'autre marquant les limites actuelles de Florez dans le chant syllabique de bravoure.

Des bis gentiment offerts, on retiendra les grâces belliniennes d'un « Ah, lève-toi soleil » un rien précieux et les facéties introduites dans la cadence de « La donna è mobile », à côté d'«Una furtiva lagrima », donnée avec les variations de la version alternative, adaptée à sa tessiture.
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Un géant du bel canto
Serge Martin, Le Soir, 8 December 2008

Juan Diego Florez se produisait vendredi soir en concert à l'ORW. On connaît la structure de ce type de concert : une série de grands airs entrecoupés de morceaux d'orchestre, qui permettent au chanteur de souffler un peu.

Pour l'occasion, c'est Michele Mariotti qui, comme pour les représentations du Barbier de Séville, dirigeait l'orchestre-maison : avec une fougue et un tonus assez remarquables, notamment dans une époustouflante ouverture de La favorite de Donizetti.

Florez avait réparti son programme entre trois compositeurs fétiches du genre : un beau mélange de tendresse et d'éclat dans Bellini (avec « I Capuleti e i Montecchi »), un moment d'une grâce exquise, l'air de Bruschino fils dans « Il Signor Bruschino » débouchent sur le fameux « Asile héréditaire » d'Arnold dans Guillaume Tell de Rossini dont il négocie avec nuance la partie héroïque finale.

Des couleurs savoureuses

Et c'est là que réside tout l'art de Florez : une capacité à phraser avec des couleurs savoureuses et des demi-teintes exquises les moments les plus tendres avant de réserver l'éclat le plus vaillant à des aigus cinglants qui couronnent les cabalette avec un panache fou. Cerise sur le gâteau, ce torrent de décibels demeure toujours merveilleusement harmonieux, ce qui est bien rare. L'aisance en scène du chanteur péruvien est prodigieuse qui lui permet d'ajouter un zeste d'humour dans ses relations avec le chef : pas si simple en fait de suivre ce diable d'homme qui a récupéré toute la science de l'instant du bel canto.

Donizetti fournira la matière de la seconde partie clôturée par l'éblouissant « Amici mei » de La Fille du Régiment. Dans les bis, Florez s'essaie à un répertoire plus lourd : son « Una furtiva lagrima » est une merveille de beau chant qui repose désormais sur un medium plus affirmé et, pris prudemment, le grand air du Duc de Mantoue dans Rigoletto redevient une vraie romance en lieu et place de l'énergie déboutonnée avec laquelle trop de ténors le ridiculisent désormais aujourd'hui. Mais ces deux Verdi encadraient le plus effervescent, le plus virtuose, le plus distingué des moments de la soirée : l'air alternatif de Lindoro dans Il Barbiere di Siviglia, enlevé avec une maestria confondante.

Après le récital Ciofi de l'an dernier, Stefano Mazzonis confirme son intention d'organiser un grand gala vocal à l'ORW par an. Ravi, le public a terminé la soirée dans le délire. On pouvait difficilement mieux commencer.
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