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Marius et Fanny, Marseilles, September 2007
Angela Gheorghiu and Roberto Alagna in Marius et Fanny, Marseilles, September 2007

          Marius et Fanny prennent le large, Le Monde, 6 September 2007
          A se fendre le coeur, La Libre Belgique, 6 September 2007
          Amour sur le Vieux-Port, Les Échos, 6 September 2007
          Marseille s'autocélèbre dans son opéra, La Tribune. 5 September 2007
          "Marius" Alagna et "Fanny" Gheorghiu triomphent à l'opéra de Marseille, AFP, 5 September 2007
          "Tu me fends le coeur" [excerpt], ConcertoNet, 5 September 2007
          "Marius et Fanny": un modèle d'opéra populaire de qualité, La Provence, 6 September 2007
          All about Roberto and Angela, The Financial Times, 6 September 2007

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Marius et Fanny prennent le large
Marie-Aude Roux, Le Monde, 6 September 2007

La directrice de l'Opéra de Marseille, Renée Auphan, a décidément de l'or dans sa programmation. Non contente de terminer sa saison 2006-2007 avec une brillante production de La Walkyrie nantie d'un plateau wagnérien de premier plan (Le Monde du 21 mai), elle excite la curiosité en ce début de saison avec la création mondiale du premier opéra de Vladimir Cosma (né en 1940), Marius et Fanny, d'après les pièces éponymes de Marcel Pagnol (1895-1974). Cette fois, la distribution est mieux qu'excellente, elle est "people". C'est en effet le couple vedette, Roberto Alagna et sa femme, Angela Gheorghiu, qui incarne les amants du Vieux Port.

Ramener dans son épuisette des gloires aussi diverses que Pagnol, Cosma, Alagna et Gheorghiu ressemble bien à une pêche miraculeuse. L'appât, c'est la Ville de Marseille passant commande d'un opéra à un compositeur plus connu pour les bandes originales des films Le Grand Blond avec une chaussure noire, Les Aventures de Rabbi Jacob, Diva ou La Boum que pour ses partitions d'un Concerto ibérique pour trompette (1998) ou d'un Concerto de Berlin pour violon (2003).

"L'idée est née d'un concert inaugural que l'adjoint culturel à la Ville, Roger Luccioni, amateur de jazz et cardiologue réputé, entendait me confier pour l'ouverture d'un nouveau centre cinématographique au château de la Buzine, où Pagnol a situé l'action du Château de ma mère, explique Vladimir Cosma. Il se trouve que dans la foulée, l'agent littéraire de Pagnol m'a fait savoir que sa femme, Jacqueline, était prête à me céder les droits pour écrire un opéra sur la "Trilogie marseillaise", dont j'avais mis en musique l'adaptation télévisée de Nicolas Ribowski pour France 2 en l'an 2000."

Un lancer de ligne impeccable que le petit-fils de Marcel Pagnol, Nicolas, qui dirige la Compagnie méditerranéenne de films créée par son grand-père en 1944, confirme : "On connaissait Vladimir Cosma depuis qu'il avait écrit la musique pour les films d'Yves Robert La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. Il est venu plusieurs fois à la maison pour discuter du livret. Il nous jouait des thèmes au piano. On a soutenu son parti pris de rester dans le drame en laissant de côté César et son dénouement heureux."

Et puis il y a eu l'envie du gros poisson Alagna, artiste lyrique populaire aimant partager son amour de l'art, d'avaler l'appât et de faire le Marius. Ferrée à son tour huit mois plus tard, Angela Gheorghiu a téléphoné à son compatriote roumain, Vladimir Cosma, lui disant qu'elle rêvait de faire un album de cross over avec lui et, en attendant, se proposait d'être sa Fanny marseillaise.

C'est ainsi que Vladimir Cosma, quasi incrédule, s'est retrouvé fin juillet à la tête du London Symphony Orchestra (LSO) pour enregistrer un florilège extrait de Marius et Fanny, à paraître chez Sony. "Durant un an et demi, tout le monde me disait qu'elle allait annuler au dernier moment, comme elle l'avait fait en juillet 2006 au Festival de Montpellier pour Fiesque de Lalo et qu'elle n'apprendrait pas le rôle, raconte le compositeur quelques heures avant la première. Et puis elle est arrivée fin juillet : elle m'a beaucoup enquiquiné pour l'écriture de la partition, mais toutes ses remarques étaient pertinentes et justifiées."

Il a fallu trois ans au violoniste professionnel, fils du chef d'orchestre Théodore Cosma, ancien élève de Nadia Boulanger, et auteur prolifique de musique de cinéma, pour écrire son opéra. "J'ai fait comme pour La Boum, précise-t-il. A l'époque, je m'étais plongé dans les succès de discothèque. Là, j'ai travaillé sur les opéras de Monteverdi, Gluck, l'opéra français et l'opéra italien." Cela s'entend. Du Dialogue des Carmélites, de Poulenc, en passant par Henry Sauguet, Georges Auric et surtout le Butterfly, de Puccini, Cosma a fait son miel lyrique. Marius et Fanny est une oeuvre travaillée, avec de grands airs dramatiques un peu kitsch, écrits pour des grandes voix, et remarquablement orchestrée. Mais il faut pour la défendre, deux artistes de la trempe de Roberto Alagna et Angela Gheorghiu. Lui, incroyable de sensibilité frémissante et d'engagement dramatique, avec son beau timbre solaire ; elle, fragile et forte à la fois, absente et présente, qui fait ce qu'elle veut de sa voix magnifique.

L'excellent Jean-Philippe Lafont campe, quant à lui, un César plus Raimu que nature, le reste de la distribution, le Panisse de Marc Barrard en tête, prenant sa part des ovations publiques. Gageons que l'amateur d'opéra Marcel Pagnol, qui commença sa carrière comme critique musical à la revue Massilia dans les années 1912-1916 sous le pseudo de Castro, aurait apprécié cet opéra populaire si contemporain de son oeuvre. 
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A se fendre le coeur
Nicolas Blanmont, La Libre Belgique, 6 September 2007

A Marseille, bien sûr, où d'autre ? Pagnol a parcouru les quelques mètres qui séparent le vieux port de l'Opéra municipal. Avec sa trilogie, le Bar de la Marine de César, les poissons d'Honorine et le ferry boîte d'Escartefigue. Compositeur fécond de musiques de films français, d'"Alexandre le bienheureux" au "Dîner de cons" en passant par "Le grand blond avec une chaussure noire", " Rabbi Jacob", Zidi, Mocky et tant d'autres, Vladimir Cosma avait déjà approché la trilogie de Pagnol par la bande sonore des téléfilms réalisés en 2000 autour de Roger Hanin. Il y revient avec "Marius et Fanny", sans doute le premier opéra où l'on chante "La Marine te dit merde", " Fous-moi la paix", où l'on détaille - avec choeurs - la recette du Picon-citron-curaçao (avec un quatrième tiers d'eau) et où l'on fait rimer - façon de parler, puisque les six (!) co-auteurs du livret ont évité la versification pour mieux coller au texte original - cocu avec morue (crémeuse), couillon (grand) avec cagole et pitchoun avec aïoli .

Puccini

D'où la première question : l'opéra, en tout cas quand il n'est pas opéra comique, peut-il s'accommoder d'un tel degré de pittoresque et de couleur locale ? N'est-il pas, par les moyens qu'il met en oeuvre, genre qui suppose une certaine transcendance ? Pareille exigence n'empêche certes pas - Puccini l'a prouvé, de "La Bohème" au "Tabarro" - qu'il parle de destins ordinaires, mais il faut du souffle pour leur conférer l'universalité. Or, pour être efficace et forte d'un solide métier, la partition de Cosma en manque. Elle a Puccini pour modèle et référence, mais avec des progressions trop prévisibles, une orchestration trop triviale et des effets mélodramatiques trop appuyés pour émouvoir véritablement. On ne lui reprochera certes pas d'être toute tonale et de vouloir toucher le grand public, mais seulement de le faire aussi banalement Cosma se targue, à raison, d'un sens de la mélodie, mais les airs qu'il signe ici ne sont pas loin de ceux des comédies musicales façon "Notre-Dame de Paris".

Tel est bien le paradoxe : monté dans quelque palais omnisport, à grand renfort d'amplification et de marketing et avec des voies moins prestigieuses que celles réunies ici, "Marius et Fanny" eût rapporté bien plus de royalties à son compositeur. Mais, complexe éternel, sans doute Cosma cherchait-il plus la reconnaissance noble du monde de la musique classique que celle, chiffrée, du monde de la variété.

Couple vedette

Il n'empêche : quel dommage d'avoir gâché une telle somme de talents et de travail pour une telle musique. Roberto Alagna et Angela Gheorghiu, couple médiatique mais aussi et surtout excellents chanteurs d'opéra, sont là tous les deux, sans annulation ni coup de gueule ce qui, sur une scène européenne, est devenu un événement. Il se murmure que c'est en constatant que Cosma était, comme elle, d'origine roumaine, que la brûlante Angela a exigé le rôle de Fanny aux côtés de son conjoint Roberto/Marius, évinçant sa belle-soeur (Nathalie Manfrino) initialement engagée pour le rôle et faisant ajouter "et Fanny" au titre de l'opéra. Lui chante superbement, avec une articulation, un legato et une expressivité toujours aussi remarquables ; elle, un tout petit peu moins, plus d'une fois trahie par une tessiture parfois trop basse et avec une diction plus pâteuse.

Luxe aussi, autour d'eux, avec Jean-Philippe Lafont et Marc Barrard, César et Panisse magnifiques et émouvants, ou avec la mise en scène intelligente et inventive de Jean-Louis Grinda : l'ex-directeur de l'ORW confirme ici ses talents de directeur d'acteurs et sait, tout en respectant l'imagerie attendue, éviter le piège de la couleur locale, conférant à certains moments la poésie qui manque dans la partition. .
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Amour sur le Vieux-Port
Michel Parouty, Les Échos, 6 September 2007

Un célèbre auteur de musiques de film se lance dans une tâche ambitieuse. Résultat mitigé.           

C'est encore l'été sur la Canebière. A deux pas de là, l'Opéra ouvrira sa saison - une création est au programme - avec deux stars, Roberto Alagna et Angela Gheorghiu, mari et femme à la ville, amoureux dans cette version des fameux ouvrages de Marcel Pagnol. Marius et Fanny chantant ? Ce n'est pas la première fois : en 1954, Broadway s'enflamme pour « Fanny » de Harold Rome. Six ans plus tard, Joshua Logan porte à l'écran ce spectacle musical avec Maurice Chevalier, Leslie Caron, Charles Boyer.

Vladimir Cosma vient du cinéma, et personne n'aura l'idée de reprocher à cet élève de Nadia Boulanger d'avoir enfin réalisé son rêve d'écrire un grand opéra, ni d'avoir destiné à ses héros des airs et duos venus de la plus pure tradition, celle de Puccini, entre autres, qui décidément obsède bien des créateurs d'aujourd'hui, ou de l'opéra-comique. Orchestrateur efficace, excellent mélodiste, Cosma, une fois obtenu le droit d'utiliser la « trilogie marseillaise », et, muni d'une commande de la ville de Marseille, entreprit une tâche à laquelle il consacra trois ans. Le résultat ? Hautement respectable, parfois plaisant, voire émouvant, nullement mémorable. Le plus gênant, dans cette partition très longue qui n'évite pas l'ennui, c'est qu'elle ne surprend jamais : à peine un motif est-il esquissé qu'on sait ce qui va suivre, et il sera répété jusqu'à épuisement. Faisant souvent pléonasme avec les situations, la musique n'avantage pas toujours le texte (six librettistes s'y sont attelés !), qu'elle rend emphatique et dont elle désamorce le comique : pas un instant la célébrissime partie de cartes n'est drôle. Au pupitre, Jacques Lacombe ne manque cependant pas d'entrain ni de lyrisme.

Une distribution parfaite
Si l'on n'est guère convaincu, ce n'est pas la faute des interprètes. Bruno Comparetti (Monsieur Brun), Antoine Garcin (Piquoiseau), Isabelle Vernet (Honorine, en petite voix), Eric Huchet (Escartefigue) rivalisent d'astuce pour camper des silhouettes inénarrables. Jean-Philippe Lafont est un César comme on l'imagine, grande gueule et grand coeur. Marc Barrard est tout simplement formidable et son Panisse, profondément humain, est bouleversant. Le couple Gheorghiu-Alagna s'est investi à fond dans l'entreprise, elle déployant comme toujours une voix somptueuse (mais chantant en quelle langue ? Cela reste un mystère) et surmontant élégamment une écriture relativement grave pour elle ; lui ardent, juvénile, jouant de sa diction parfaite et de son timbre ensoleillé pour séduire un public conquis d'avance, tous deux toujours justes et sincères.

Dans le décor poétique et réaliste à la fois de Dominique Pichou, Jean-Louis Grinda les met en scène avec le sens du rythme et le savoir-faire dont il est coutumier. Si « Marius et Fanny » tient la route, c'est bien grâce à cette équipe.
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Marseille s'autocélèbre dans son opéra
La Tribune. 5 September 2007

L'opéra de Marseille crée "Marius et Fanny" d'après les pièces éponymes de Marcel Pagnol sur une musique de Vladimir Cosma. Une oeuvre lyrique en diable, taillée sur mesure pour Roberto Alagna.

Avec près d'un siècle de retard, Marseille tient enfin son opéra. Une oeuvre lyrique, entre comédie musicale et opéra comique, qui célèbre les grandes figures de la ville magnifiées par Pagnol et cultive la nostalgie du grand port qu'elle fut, où mouillaient les voiliers qui faisaient chavirer le coeur des foules. Ayant eu vent que Vladimir Cosma (ne pas confondre avec Joseph Kosma, le musicien de Prévert) a obtenu le droit de mettre en musique les oeuvres de Marcel Pagnol, mort en 1974, les édiles lui ont commandé un opéra pour la superbe salle municipale, du plus pur style Art déco.

Né en 1940 en Roumanie, Vladimir Cosma s'est fait une spécialité des musiques pour l'écran. Auteur de plus de 200 partitions pour des films de cinéma et de télévision, il s'est déjà colleté avec Marcel Pagnol dans les années 90 pour les films qu'Yves Robert a tirés de ses romans "La gloire de mon père" et "Le château de ma mère".

Des deux oeuvres écrites pour le théâtre par Marcel Pagnol, "Marius" en 1929 et "Fanny" en 1932, avant d'en faire des films mémorables - Cosma a tiré un opéra en deux actes, un mélo, tout vibrant des violons de l'Orchestre de l'opéra de Marseille, parcouru de grands airs à la Puccini, morceaux de bravoure pour les solistes.

Proche de l'opéra comique, mais sans aucun dialogue parlé, la partition intègre des rythmes des années 30 (valses, ragtimes...) et ne dédaigne pas se frotter à des formes plus élaborées du grand opéra classique (quatuors, sextuors...) qui laissent la place aux seconds rôles. Si les dialogues ont beaucoup perdu de la truculence de Pagnol au profit d'un conformisme petit bourgeois, ils comportent juste ce qu'il faut de "fada" et de "couillon" pour ne pas verser dans la "pagnolade", la caricature honnie du maire, Jean-Claude Gaudin, qui au soir de la première, mardi 4 septembre, ne ménageait pas ses compliments à Cosma.

Dans sa mise en scène, Jean-Louis Grinda a pris soin d'introduire un nouveau personnage: le peuple de Marseille, interprété par le choeur, à qui est attribuée une place d'acteur à part entière, donnant la réplique à César dans l'air de la recette du "Picon -Citron" ("avec quatre tiers...") qui devient une jonglerie verbale à la Rossini.

Sur fond de vieux port et de décors habilement manipulés par Dominique Pichou, les scènes se succèdent avec une alacrité toute cinématographique sauf dans le deuxième acte qui s'étire et s'englue dans les bons sentiments. En Marius Roberto Alagna est à son affaire, il casse la baraque dans son grand air de l'appel du large à la fin du premier acte: "Loin vers une autre destinée, je partirai...", qui a tout pour faire un "tube". Plus technicienne, son épouse, la soprano Angela Gheorghiu, ménage ses effets et compose une Fanny touchante. Seul le baryton Jean-Philippe Lafont, qu'on a connu en meilleure forme vocale, fait directement référence aux films de Pagnol et s'abandonne parfois à l'accent du Midi pour jouer les Raimu, immortel César.
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"Marius" Alagna et "Fanny" Gheorghiu triomphent à l'opéra de Marseille
Agence France-Presse, 5 September 2007

Le ténor français Roberto Alagna et sa compagne, la soprano roumaine Angela Gheorghiu, ont triomphé mardi soir sur la scène de l'opéra de Marseille (sud de la France) où ils interprétaient en création mondiale "Marius et Fanny", de Vladimir Cosma.

Le compositeur français d'origine roumaine, plus connu pour ses musiques de films à succès comme "les aventures de Rabbi Jacob" ou "le grand blond avec une chaussure noire", s'essayait pour la première fois à l'art lyrique.

Essais réussi: pendant dix bonnes minutes, le public marseillais a ovationné les chanteurs, réservant l'accueil le plus chaleureux à Roberto Alagna, qui se produisait pour la première fois sur la scène marseillaise, et Angela Gheorghiu, très convaincants dans leur interprétation des figures mythiques de la trilogie marseillaise de l'écrivain Marcel Pagnol.

Soucieux d'éviter le pittoresque, Cosma est parvenu à trouver l'équilibre entre l'humour et le mélodrame, propre à l'oeuvre de Pagnol.

La salle a souri voire franchement ri lors de la scène où César apprend à son fils Marius à confectionner un Picon-Curaçao-Citron au bar de la Marine ou applaudi à tout rompre lors des airs remplis d'émotion de Marius, emporté par ses rêves de voyage sur les grands voiliers qui accostent au Vieux Port.

Roberto Alagna avait attiré l'attention du monde entier l'hiver dernier lorsqu'il avait quitté la scène de La Scala de Milan en pleine représentation de "Aïda", furieux d'avoir été sifflé par certains spectateurs.
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"Tu me fends le coeur" [excerpt]
Christian Dalzon, ConcertoNet, 5 September 2007

[...]Pour interpréter les rôles de Marius et Fanny, on a fait appel à deux superstars qui font leurs débuts à Marseille : le Français Roberto Alagna et la Roumaine Angela Gheorghiu, couple à la scène et à la ville. Adulés partout, Marseille a fait un triomphe à leur incarnation des rôles titres. Tous deux ont su restituer cette étroite imbrication du rire et de l'émotion avec l'immense talent, et les voix de rêves qu'on leur connaît. [...]
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"Marius et Fanny": un modèle d'opéra populaire de qualité
Michel Egéa, La Provence, 6 September 2007

Il n'y a eu ni "pagnolade", ni trahison, mardi soir à Marseille. La création de Marius et Fanny attendue parfois avec des sourires en coin s'est révélée être un très agréable moment. L'illustration d'une composition populaire de qualité, possédant de réels atouts pour amener à l'opéra un nouveau public.

La création contemporaine peut et doit, selon nous, se nourrir d'ouvrages aussi différents que sont ce Marius et Fanny et Julie de Boesmans, par exemple. Pour Vladimir Cosma, le défi était important. Si, dans un premier acte consacré à Marius, les accents cinématographiques sont marqués, au second acte consacré à Fanny, avec le renforcement du drame, la composition prend un tour presque "puccinien". Le "Marius, Marius, Marius" final lancé par Fanny nous rappelant le "Mimi, Mimi, Mimi" déchirant de Rodolfo dans La Bohème.

L'orchestration est superbe et la direction de Jacques Lacombe passionnée. La qualité de la mise en scène, sensible et intelligente, de Jean-Louis Grinda associée à la beauté des décors de Dominique Pichou, qui font de chaque scène un tableau de caractère, et des costumes de Christian Gasc, sans oublier les lumières de Roberto Venturi, contribuent au fait que la pièce ne tombe jamais dans la caricature déplaisante.

Du côté des voix, Roberto Alagna campe un Marius plaisant et puissant; un rôle taillé sur mesure. Moins de bonheur pour la Fanny d'Angela Gheorghiu, à la diction souvent incompréhensible. Dommage, car vocalement le potentiel est là.

Jean-Philippe Lafont et Marc Barrard sont remarquables dans César et Panisse : qualités vocales et jeu adapté, jamais outrancier, jamais forcé. Isabelle Vernet, Honorine, est meilleure scéniquement que vocalement, Bruno Comparetti, Eric Huchet et Antoine Garcin (M. Brun, Escartefigue et Piquoiseau) complétant de façon plus qu'honorable la distribution.

Le choeur, très présent et l'orchestre, chaleureux, ont aussi participé amplement au triomphe d'une soirée qui devrait prochainement faire l'objet de l'édition d'un DVD.
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All about Roberto and Angela
Francis Carlin, The Financial Times, 6 September 2007

Cat-calls can be good for your career. Last December Roberto Alagna caused a sensation in Milan by walking off the stage at La Scala on the second night of Aida when part of the audience booed his first aria.

Previously, such unprofessional behaviour from a singer would have meant curtains but, in the age of spin and slick media management, Alagna turned the whole event to his advantage. In France, he has since appeared on every chat show, becoming a household name and boosting his CD sales in the process.

Alagna's involvement in Vladimir Cosma's first opera is typical of his new vocation as media figure. His wife, the Romanian soprano Angela Gheorghiu, has come along for the ride too. Inevitably, it's more Roberto and Angela than Marius and Fanny.

Cosma, a Romanian who arrived in France in his twenties, has spent a prolific career churning out film scores for French film hits including that most striking of all French titles, Le père Noël est une ordure ("Father Christmas is a Bastard").

His easy-on-the-ear, music-while-you-work style has already been used for screen adaptations of Marcel Pagnol's plays and novels and in 2000 he wrote the music for a mediocre, over-glamorous television version of the Marseilles trilogy (Marius, Fanny and César). Some of this material resurfaces in his new opera, which takes the first two plays and attempts unsuccessfully to whittle them down to two acts.

No fewer than six people are credited with a libretto that commits the cardinal fault of paying too much respect to the original, revered source.

Admittedly, in Marseilles where everyone knows their Pagnol off by heart, the audience was on the look-out for cuts but the story of Marius, who goes to sea leaving his sweetheart Fanny to marry Panisse, the rich sailmaker, when she discovers she is pregnant, needed much more radical filleting to make it viable as an opera.

Instead, the work chokes on too many scene changes, a handicap that not even Jean-Louis Grinda's professional, poetic staging can put right.

Spurred by the urge of the composer of popular music to win kudos from the elite with an opera, Cosma has simply spawned a musical with vain operatic pretensions and a rickety structure.

He mangles French prosody in tedious ariosos and favours curiously bumpy vocal lines with arbitrary top notes. And the grand syrupy themes that we put up with in the cinema are revealed in all their cheap sentimentality on the opera stage.

The best bits are, significantly, the brazen lifts from operatic lollipops  several from La Bohème, at least two from Madama Butterfly  but Puccini knew how to finish an act: Cosma leaves the music rambling on grandly as if the credits were rolling.

Alagna, typecast as the cocky, macho Marius, is sounding frayed at the top but the middle is still glorious and the diction as exemplary as ever. Gheorghiu floats gorgeous, velvety sounds but never looks like the fishwife's daughter, wheeling on her miniature shellfish stall like a drinks trolley.

They get their popular ovation, though an equal, if not superior, avalanche of applause justifiably rewards Marc Barrard's emotional portrayal of Panisse. Jean-Philippe Lafont is perfect as César, the gruff, rough-edged father, and Jacques Lacombe's meticulous conducting treats the score with more respect than it really deserves.
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