REVIEWS Manon, Opéra Bastille, April 2004 |
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Roberto Alagna, épris d'une Manon pécheresse enchaînée à ses sens, Le Monde, 16 April 2004 Un Des Grieux privé de sa Manon (excerpt), ConcertoNet, 16 April 2004 Une Manon sans ses Sources (excerpt), Res Musica, 22 April 2004 ___________________________________________________________ |
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Roberto Alagna, épris d'une Manon pécheresse enchaînée à ses sens Marie-Aude Roux, Le Monde, 16 April 2004 Reprise de l'uvre de Jules Massenet, à l'Opéra-Bastille, à Paris. Créée en juin 1997 sur la scène de l'Opéra Bastille (Le Monde du 27 juin 1997) cette Manon, de Massenet, reprise en juin 1998, puis en juin 2001, entame ici sa 27e représentation. Si la mise en scène de Gilbert Deflo n'a pas pris une ride, c'est qu'elle est piquée au Botox : son jeu de scène d'un classicisme apuré de tout règlement de comptes, le bon goût de décors et costumes qui fragonardent, et jusque le sonner faux des dialogues parlés d'opéra. Tout cela est emblématique de ce que peut produire une grande scène qui donne dans le conservatisme d'envergure internationale. Chanteurs face public, lumières de boudoir, costumes d'époque : tout respire cette volupté équivoque, mais confortable, qui mènera Manon, pécheresse enchaînée à ses sens, du couvent à la débauche, et de la bonbonnière au bannissement. AMOUREUX ÉMOUVANT ET VRAI Roberto Alagna (dont c'était la prise de rôle) a endossé avec naturel l'habit du chevalier des Grieux, amoureux émouvant et vrai, dans la tendresse comme le désespoir. La voix est aujourd'hui plus mature, se matifiant dans l'aigu, ce qui confère au rôle un intéressant second plan mélancolique. Mais le sens du phrasé, la délicatesse coloriste, la perfection du style et de la prosodie sont bien la marque du grand ténor. On attendait aussi la jeune Alexia Cousin dans le rôle-titre. Mais la chanteuse, hors son physique agréable et l'âge scénique du rôle, n'a rien d'une Manon. Certes dotée de moyens vocaux puissants, et peut-être à cause de cela, la elle a souvent donné l'impression de perdre le contrôle, cédant à une météorologie vocale perturbée, notes sauvagement poussées, aigus cycloniques et phrasés en giboulées, que ne justifient ni le texte, ni la musique. Malgré de beaux moments, on a le sentiment d'être en permanence au bord de la crise de nerfs ou d'une scène de la folie, bien loin du fin modelé musical de Massenet. Dirigé par Gary Bertini, l'orchestre semble parfois tirer à la ligne d'une musique, il est vrai, pas toujours passionnante. Quant au reste de la distribution, elle tire très honorablement son épingle du jeu. Franck Ferrari est un Lescaut tout à fait crédible, fier, hâbleur et lâche comme il convient ; Alain Vernhes, un comte des Grieux à la paternité un rien désabusée. L'impayable Michel Sénéchal, déjà là en 1997 pour Guillot de Morfontaine, puis de toutes les reprises, fait comme d'habitude (et l'on ne saurait s'en plaindre) du Sénéchal, avec toutefois une nuance de taille : le ridicule assumé du personnage ne le tuera certes pas, mais c'est lui qui finira par provoquer la mort de cette pauvre Manon. Manon, de Jules Massenet, avec Roberto Alagna (le chevalier des Grieux), Alexia Cousin (Manon), Franck Ferrari (Lescaut), Alain Vernhes (le comte des Grieux), Michel Sénéchal (Guillot de Morfontaine), Christian Tréguier (Brétigny), William Orlandi (décors et costumes), Joël Hourbeigt (lumières), Ana Yepes (chorégraphie), Gilbert Deflo (mise en scène), Churs et Orchestre de l'Opéra national de Paris, Gary Bertini (direction). Opéra Bastille, place de la Bastille, Paris-12e. M° Bastille. Le 13 avril. Prochaines représentations : les 18, 20, 24, 27 et 30 avril à 19 h 30. Tél. : 08-92-89-90-90. De 10 à 114 . Un Des Grieux privé de sa Manon (excerpt - full review available here) Manon Ardouin, ConcertoNet, 16 April 2004 [...] Roberto Alagna a, quant à lui, remporté un immense succès même s'il commence assez timidement la représentation. Mais rien que pour l'émotion qui transparaît à travers son chant au dernier acte, il méritait amplement son ovation finale. Des Grieux ne semble plus un rôle vraiment adapté à ses immenses moyens vocaux et il perd un peu de sa crédibilité car il éprouve des difficultés à se forger l'allure d'un jeune homme naïf. Mais Roberto Alagna ne serait pas Roberto Alagna sans sa parfaite diction, son phrasé élégant et son engagement vocal. S'il distille chaque mot dans l'air "en fermant les yeux", il se montre bien plus expressif dans l'air de Saint-Sulpice, même si sa voix est parfois un petit peu monotone: on croirait entendre Cavaradossi en train de peindre dans son église Le ténor ne se montre pas avare de notes tenues notamment dans le final et dans l'air de Saint-Sulpice et il maîtrise parfaitement sa voix pour réduire progressivement le volume du son et laisser mourir la note dans un decrescendo. On peut regretter toutefois qu'il n'y ait guère de cohésion entre les deux rôles principaux: ils ne semblent guère se parler et chacun chante sa partie sans vraiment se préoccuper de l'autre, Roberto Alagna ne regardant même pas sa partenaire et ne cessant de chanter face au public. Du bien beau chant mais pas un Des Grieux authentique! [...] Une Manon sans ses Sources (excerpt - full review available here) Olivier Brunel, Res Musica, 22 April 2004 [...] Roberto Alagna dont on connaissait l'interprétation par l'enregistrement réalisé en 1999 à Bruxelles par EMI Classics n'aura pas, sur certains plans, déçu les attentes. Magnifique de style, de diction, de phrasé, d'élégance, le ténor franco-sicilien laisse néanmoins, comme dans tout ce qu'il a chanté sur cette vaste scène, le sentiment que son format vocal est un peu insuffisant pour ce théâtre. Si les deux premiers actes conviennent d'écriture parfaitement à son style vocal, on avoue ne pas avoir été totalement convaincu par ses couplets à Saint-Sulpice, dans lesquels il n'a pas la même rigueur de chant. C'est cependant un interprète qui laissera son nom dans l'histoire de l'interprétation de ce rôle complexe. [...] |
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