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October - November 2005
Photo © Studio Harcourt

Roberto Alagna, L'Express, 24 November 2005
«L'important, c'est de toucher le coeur des gens» Le Figaro  23 November 2005
Il tenore Roberto Alagna figlio di immigrati siciliani, Il Mattino, 13 November 2005
Interview: Roberto Alagna, Le Figaro Magazine, 12 November 2005
Alagna, de la pizzeria à l'opéra, Le Temps, 28 October 2005
«Chanter Mariano, ça rend heureux», Le Matin, 26 October 2005
Roberto rime avec Mariano, La Tribune de Genève, 26 October 2005
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Alagna, de la pizzeria à l'opéra
Julian Sykes, Le Temps, 28 October 2005

A 42 ans, le ténor français rend hommage au chanteur d'opérette Luis Mariano dans un album inattendu. Il parle de son enfance, de son essor, dans une famille de Siciliens.

Le col de la chemise ouvert, le torse basané et délicatement velu, Roberto Alagna affiche cette bonne humeur qui ferait fléchir n'importe quel suicidaire. Le plus célèbre ténor français, on s'en doute, va nous vendre son dernier album comme une savonnette. Mais très vite, cette force de la nature regorge d'arguments pour expliquer combien ses amours avec Luis Mariano sont sincères. Oui, Roberto Alagna joue le jeu du cross-over. Non, il n'est pas tombé dans un piège. Son disque s'écoute avec bonheur, la voix trouve un bel équilibre entre lyrisme et légèreté, on déguste les chansons kitsch comme un bon sirop de grenadine. Sucré, mais exquis.

Evidemment, l'image du ténor de 42 ans, établi à Coppet (VD), risque d'en prendre un coup. Mais ce n'est pas sa première frasque, lui qui n'a cessé d'être égratigné pour aborder des rôles trop lourds. Car un chanteur d'opéra se doit de préserver sa voix pour l'épanouir progressivement. Roberto Alagna a tout fait de travers. Jouant au crooner dans les pizzerias à 15 ans, hantant les cabarets parisiens dès 17 ans avec son professeur de guitare Jacques Lescure, le jeune homme a vite conquis les tablées. C'est alors que le Maestro cubain Raphäel Luiz, qui flaire un talent hors norme, lui insuffle le goût de l'opéra. Et l'initie d'emblée au répertoire le plus exigeant, comme Otello de Verdi - une pure folie.

Toujours à Paris, cette tête brûlée entre en 1987 à l'Ecole de l'Opéra, et c'est après avoir gagné le Premier Prix du Concours Luciano Pavarotti, un an plus tard à Philadelphie, qu'il se met à courir la scène internationale. De Traviata en Traviata (il chante Alfredo), Roberto Alagna se fait un nom, signe un contrat d'exclusivité avec EMI, forme un couple glamour avec la diva Angela Gheorghiu. Il a cassé ce contrat pour se repaître auprès de la prestigieuse Deustche Grammophon. Et que nous offre-t-il en guise d'amuse-gueule? Un album entier consacré à un chanteur d'opérette, dont l'accent basque et les paillettes ont fait tomber plus d'une fille.

Le Temps: D'où vous viennent vos amours avec Luis Mariano?

Roberto Alagna: J'avais 10 ans lorsque ma mère - nous habitions à Clichy-sous-Bois - a installé un magnétophone à bandes pour enregistrer la musique du film La Belle de Cadix. Quand j'ai vu Luis Mariano à la télévision, je me suis aperçu que je connaissais toutes ses chansons; mon père, maçon, et mon oncle les chantaient souvent. J'ai été frappé par le magnétisme de ce chanteur. Luis Mariano n'a jamais déçu son public avec des airs tristes. On ne peut que l'aimer.

- Est-ce une une manière de jouer au Latino de service?

- Je n'y ai jamais pensé. Les chansons de Mariano ont beau regorger d'influences latino, on y décèle aussi du jazz (Cole Porter), même du jazz manouche, ou de la valse française, genre titi parisien à la Maurice Chevalier.

- Comment croire aux paroles franchement kitsch?

- Je ne vous cacherai pas que j'ai eu du mal pour certains tubes: «L'amour est un bouquet de violettes»? Rien de moins évident. Mariano prenait souvent une voix efféminée, douce, sucrée. J'ai essayé de gommer ces aspects par un ton plus viril, plus mâle. On peut trouver ses chansons simplettes, ridicules, mais je reste médusé par leur force.

- Croyez-vous que les adolescents connaissent Mariano?

- Détrompez-vous. Il m'est arrivé de me produire sur des plateaux de télévision et de voir des gosses m'accompagner dans la loge en chantant ses mélodies.

- Avez-vous cherché à imiter Mariano?

- Mariano est inimitable. Il a utilisé ses défauts (accent, «r» roulés) pour en faire des qualités. Il privilégiait toujours l'effet vocal pour mettre en évidence sa quinte aiguë. Il se fichait des paroles. La demi-teinte charmeuse, la voix de fausset ont forgé le «style Mariano». Il adaptait la musique à sa voix, alors que moi, je fais l'inverse, sans me trahir.

- Adolescent, vous avez commencé par la variété?

- Le chant a toujours fait partie de ma famille. A tel point que j'ai commencé par jouer de la guitare - j'étais timide - afin de me fondre dans le tissu familial. Cette armure, paradoxalement, m'a permis de me décoincer. Chaque semaine, après le dur labeur, on sortait les mandolines, les guitares, on tapait sur la table, on chantait comme toute communauté sicilienne expatriée en France. Je me suis mis à chanter, à composer mes chansons.

- Votre famille vous a-t-elle soutenu pour une carrière dans l'opéra?

- Pas du tout, mais c'était plus fort que moi. Comme la voix se développait, comme je me suis mis à chanter dans les cabarets et que je me sentais à l'étroit dans la variété, l'opéra a pris le dessus. Imaginez Carl Lewis: quand on court un 100 mètres en moins de dix secondes, on ne va pas se cantonner à un niveau scolaire.

- D'accord, mais peut-on comparer le chant au sport?

- Le chant lyrique est une performance athlétique, sinon on ne perdrait pas des kilos après avoir chanté. Quand vous incarnez Don Carlo - et sans micro! -, il faut tenir six heures sur scène. Vous imaginez? On doit se reposer avant, se mettre en condition. On ne peut pas chanter tous les soirs comme Aznavour.

- Quand avez-vous eu le déclic pour l'opéra?

- Je n'ai jamais été sûr de moi. Il a fallu que mon père me regarde avec de gros yeux et me dise «Tu es le meilleur» pour que je gagne le Concours Pavarotti. Mon meilleur conservatoire a été ma famille. J'ai beaucoup appris auprès de mon père, de mon grand-père, de mes oncles. Aujourd'hui, ils sont fiers de moi.

- Vous avez créé votre propre maison de production pour les DVD d'opéra. Est-ce par mégalomanie?

- Je trouvais les captations d'opéra ringardes. Trop souvent, on perd la force de l'expression, on filme les chanteurs en tout petit pour mettre en évidence un décor abstrait. Comme je n'arrivais pas à convaincre les producteurs de changer de point de vue, j'ai engagé une équipe qui filme les événements sportifs. Ces gens-là ne savent pas où va le ballon, mais ils savent toujours où il est.

- Vos projets?

- J'écris un livre sur ma famille, de mes arrière-grands-parents à mes premiers succès à l'opéra.
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«Chanter Mariano, ça rend heureux»
Aimé Corbaz, Le Matin, 26 October 2005

Roberto Alagna Le plus célèbre et le plus aimable des ténors rend hommage à son célèbre aîné. «Mexico», «La belle de Cadix»... tout y est et c'est superbe!

«Mon père, il chantait tout le temps. Il était maçon et il écoutait la radio sur ses échafaudages. Le soir, il nous chantait ce qu'il avait appris dans la journée!» Quand il parle de sa famille, le regard saphir de Roberto Alagna s'allume. Volubile comme un Italien, chaleureux comme un Italien, le ténor dit tout son amour de la musique. Et, aujourd'hui, de Luis Mariano. «Je devais avoir 10 ans quand j'ai entendu «La belle de Cadix», un dimanche après-midi. J'ai tout de suite reconnu Mariano que me chantait mon père. Trente-cinq ans après, j'ai décidé de lui rendre hommage avec ce CD. Je me suis régalé à faire ça. Chanter Mariano, ça rend heureux. C'est tellement gai, dans tous les sens du terme...»

Passage obligé du temps? Peu importe, car Alagna a inventé des duos inattendus et convaincants. «Jean Reno est un ami et il a accepté de chanter «I Love Paris» de Cole Porter avec moi: il est superbe! Pour «Quand on est deux amis» que Mariano avait enregistré avec Bourvil, j'ai convaincu Elie Semoun de jouer le jeu! Seul, je chante aussi le fameux «Salade de fruits»: vous saviez que Mariano l'avait chanté avant Bourvil?»

Roberto Alagna est un phénomène, dans le sens sympa du terme. Né dans une famille d'immigrés siciliens, près de Paris, il étudie d'abord la guitare, l'instrument familial. Plus tard, il fait ses premières armes dans des cabarets parisiens. Puis il entre au Conservatoire pour y étudier sérieusement l'opéra, discipline reine.

En 1988, sa carrière démarre en trombe au très sélect Festival de Glyndebourne, en Grande-Bretagne, où il incarne le rôle de ce foutriquet d'Alfredo dans «La Traviata» de Verdi. Il a 25 ans, il est beau, charmeur, exigeant. Depuis ce jour-là, on ne voit que lui, on n'entend que lui, au point de voler la vedette à Sa Majesté Luciano Pavarotti. «Mais j'adore Pavarotti! dit Alagna, bon prince. J'aime beaucoup sa voix, je trouve que c'est l'artiste du siècle. Ce qui me plaît aussi, chez lui, c'est qu'il sait se vendre: il a un formidable instinct de la mise en scène.»

Alagna, c'est aussi un artiste rigoureux qui va jusqu'au bout de ses rêves. «Un jour, j'ai découvert une partition chez un antiquaire de la vieille ville de Genève. Ça s'appelait «Cyrano de Bergerac» et c'était d'un certain Franco Alfano. La partition, à moitié rongée par le temps, datait de 1935 et elle était composée pour un ténor!» Ni une ni deux, Alagna a déplacé des montagnes pour recréer l'oeuvre et l'enregistrer.

En quinze ans, Alagna a gravé une centaine de CD. Puccini, Verdi, Bellini... «Et des oeuvres du répertoire français que j'aime beaucoup.» Il a également enregistré avec son épouse, la cantatrice Angela Gheorghiu: dont le duo des «Troyens» de Berlioz; le plus beau qui soit... «Et on se retrouve sur la scène, comme l'amphithéâtre d'Orange, où je chante chaque été. J'aime beaucoup les femmes et j'essaie de rester fidèle. Quand je chante avec Angela, dans des rôles différents, dans des costumes différents, à des époques différentes, j'assouvis mes fantasmes. En une femme, j'en ai mille!»

Etabli à Coppet (VD) depuis une dizaine d'années, Alagna court la planète mais ne chante jamais en Suisse. Pour d'obscures raisons fiscales, il n'a pas le droit d'y travailler... La solution serait de donner un concert gratuit...»

La suite? «J'ai pas mal de projets. Je vais enregistrer un opéra de Lalo, en première mondiale, avec l'Orchestre de Montpellier. Je vais aussi graver un opéra contemporain, puis le «Marius et Fanny» de Cosma.» Mais que l'on ne s'aventure pas à l'accuser de se disperser ou de vendre son âme à un diable trop populaire avec cet hommage à Luis Mariano! «Nous, les chanteurs, on nous a donné une voix pour toucher un maximum de gens. Je ne sais pas qui nous a donné ça, mais on a la mission de toucher le coeur des gens...»
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Roberto rime avec Mariano
Benjamin Chaix, La Tribune de Genève, 26 October 2005

Le ténor Alagna lance un «Mexico-o-o-o» digne de son modèle légendaire. Rencontre

Sa participation, lundi soir, à l'enregistrement des Coups de curs d'Alain Morisod a donné l'occasion au ténor français ­Roberto Alagna de rencontrer des «marianistes». Non pas quelques membres égarés de la société de Marie, mais des admirateurs posthumes et incollables du roi de l'opérette décédé en 1970.

«Ils ne se sentent pas trahis, malgré ce que je mets de moi-même dans l'interprétation des chansons de mon disque Roberto Alagna chante Luis Mariano», explique le ténor. «Par exemple je ne prends pas l'accent basque et j'ai renoncé à restituer certains effets trop éloignés de ma manière d'être, disons plus virile que celle de Mariano.»

Le disque qui vient de paraître contient douze titres écrits pour la plupart par Francis Lopez (1916-1995), certains par Cole Porter (C'est magnifique!, qu'Alagna chante en anglais) ou par Armand Canfora (Salade de fruits). Tous ont fait partie du répertoire de Luis Mariano.

Et bien sûr, il y a Mexico, son tube absolu, tiré d'une opérette de 1951. Alagna le chante à la perfection, sur une orchestration scintillante du maestro Yvan Cassar.

Avec Jean Reno

«J'étais prêt à participer à la nouvelle production du Chanteur de Mexico que prépare le Théâtre du Châtelet, mais nous ne sommes pas arrivés à nous entendre sur la manière d'adapter l'uvre», confie le ténor. «Je proposais de la tirer du côté de la comédie musicale à l'américaine, parce que dans l'opérette originale il n'y a que sept numéros chantés et du bla-bla entre chacun d'eux.»

A propos de la prolifération des comédies musicales à Paris ces dernières saisons, Roberto Alagna fait remarquer que «ce qui leur manque, c'est des airs que tout le monde sifflote en sortant. La force des compositions de Francis Lopez est là. Elles font plaisir à entendre et on s'en souvient à la première écoute.»

Roberto Alagna a embarqué avec lui Jean Reno, Arielle Dombasle et Elie Semoun, des amis qui chantent trois chansons du disque en duo avec le ténor. Bientôt Alagna va retrouver l'opéra, mais sans quitter Jean Reno. «Vous avez bien entendu, il va faire la mise en scène de la production de ­Manon Lescaut dans laquelle je chanterai en janvier à l'Opéra de Turin.»
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Interview: Roberto Alagna 
Nicolas d'Estienne d'Orves, Le Figaro Magazine, 12 November 2005

Son actualité

C'était un rêve d'enfance, une promesse faite à sa grand-mère, une dette envers ses premiers souvenirs de ténor : à 40 ans, Roberto Alagna a convaincu Deutsche Grammophon d'enregistrer les plus grands succès de Luis Mariano. La promotion de ce disque sémillant et enjôleur est un vrai marathon ; mais personne n'arrête Roberto Alagna.

Notre rendez-vous

A Boulogne-Billancourt, dans les loges de l'émission «Vendredi pétantes», où Alagna est invité en direct, avec Guillaume Depardieu et Julien Dray. Il a chaud, se met torse nu, vide une canette de Coca Light, jongle avec son portable, s'excuse d'une angine mais pousse un «mexi-hiiico» tonitruant.

L'interview peut commencer...

La première musique, ce matin

"La Belle de Cadix, que je devais chanter a cappella sur France 2."

Votre eau de toilette

"Ça dépend des jours. En ce moment, c'est Fahrenheit. Sinon Hugo Boss, Calvin Klein. Mais jamais Jack Daniel's !"

Pratique sportive

"Tous les soirs, dans ma chambre, avec mon épouse."

Vos tables fétiches

"Je n'en ai pas. Quand je ne sais plus où aller, je finis toujours dans un «ritos» (un italien) ou devant un couscous."

Nectars qui vous rendent meilleur

"L'eau et le thé à la réglisse."

Vos modèles

"Les grands sportifs : Zidane, Armstrong. Pour moi, le contre-ut est comme le triple axel d'un patineur artistique. Et l'opéra, c'est la première division en matière de chant..."

Votre mauvais goût

"J'ai le bon goût de ne pas en parler."

Les chefs-d'oeuvre qui vous tombent des mains

"Je viens d'arrêter la suite du Parrain..."

Quels disques emporteriez-vous sur une île déserte ?

"Pas de disque, mais une guitare, pour chanter moi-même."

La musique qui vous met hors de vous

"Aucune. J'ai trop de respect pour la musique."

Le compliment que vous détestez

«Comme vous avez une voix naturelle !»

La remarque que vous préférez

«Avec vous, on redécouvre la Marseillaise !»

Le défaut que vous préférez chez les autres

"La désorganisation, le côté bohème, bordélique."

Comment se fâche-t-on avec vous ?

"L'âge aidant, plus le temps passe et plus ça devient difficile de me mettre en colère."

Qu'est-ce qui vous fait rire ?

"Je suis très bon public : de Funès, Fernandel, Bourvil, Seimoun, Elmaleh, Dupontel..."

Le cadeau que vous offrez le plus souvent

"Des fleurs, à ma femme, après chaque spectacle."

A quoi avez-vous renoncé ?

"A sauver l'humanité."

Pathologie personnelle

"Hyperactif, hyperacoustique, hypersensible, hypercon."

Dernier film

"Charlie et la chocolaterie, que je suis allé voir avec ma fille."

Dernier livre

"Zorro, d'Isabel Allende."

Dernière expo

«Vienne 1900».

Dernière déception

J"'ai appris que mon disque plaisait à tout le monde."

Petits plaisirs secrets

"Ça reste mon secret."

Votre vue préférée

"Toujours la mer. Les Caraïbes me conviennent assez..."

L'hôtel où vous pourriez habiter

"Je passe ma vie à l'hôtel et je rêve d'être plus souvent chez moi."

Comment dépensez-vous votre argent ?

"Je fais du mécénat familial : je soutiens mes frères, qui sont artistes et sculpteurs."

Votre prochain achat

"Je distribue plus que je n'achète."

Dress code

"Des bottes en python... C'est mon côté animal !"

Juron favori

"Casse-burne !"

Le personnage d'opéra qui vous ressemble le plus

"Cyrano de Bergerac, c'est le plus complet."

Votre plus grand interdit transgressé

"Je ne le dis pas, les gens n'achèteraient plus mes disques."

Votre prochain défi

"Des Grieux dans le Manon Lescaut de Puccini, l'un des rôles les plus lourds du répertoire. Ce sera à Turin, dans une mise en scène de Jean Reno."

Votre devise

"Fais ce que tu as à faire, sans te soucier des qu'en-dira-t-on".

Et Dieu, dans tout ça

"C'est un pote. Il est sympa : il m'a filé le don de chanter. Lorsque je l'aurai bien utilisé, je le lui rendrai."

Le mot de la fin

"Mexi-hiiiiiiiiiiiiiiiiiiico !!!"
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Il tenore Roberto Alagna figlio di immigrati siciliani: «Molte cose sono peggiorate»
Il Mattino, 13 November 2005

Parigi. Ha origini siciliane, è nato a Clichy-sous-Bois in una famiglia modestissima con il papà muratore. Oggi Roberto Alagna è considerato il tenore numero uno di Francia, uno dei migliori sulla scena internazionale. La passione della lirica e le sue doti straordinarie lo hanno issato, negli ultimi dieci anni, nel Gotha dell'Opera ed i suoi impegni sono programmati già per i prossimi 4 anni con rappresentazioni in Francia e soprattutto all'estero, Italia, Stati Uniti, Giappone. La situazione esplosiva delle periferie francesi, in queste due ultime settimane, lo fa reagire in prima persona, per aver trascorso i primi anni della sua vita, fino all'adolescenza proprio a Clichy-sous-Bois, il sobborgo della periferia parigina dove tutto è iniziato con la morte di due adolescenti, fulminati mentre si nascondevano dai poliziotti in una cabina elettrica.

Cosa ricorda di quella periferia?

«Ho il ricordo di casermoni e di lunghe partite a calcio con i miei coetanei. All'epoca non avevo l'impressione di vivere in una borgata pericolosa, anzi. I miei genitori erano abbastanza severi, sorvegliavano i nostri studi, potevamo uscire soltanto dopo aver fatto i compiti, la scuola e poi il canto erano per me essenziali. Così era anche per gli altri ragazzi: tutti andavamo a scuola e tutti avevamo un sogno da realizzare».

Da allora che cosa è cambiato?

«Debbo dire che rispetto alla borgata di periferia che ho conosciuto, quella di oggi è un posto più violento, meno sicuro, in preda ad una rivolta che però posso capire. Alla "nostra" immigrazione, dove c'erano famiglie di italiani, spagnoli, portoghesi, polacchi, ne è subentrata un'altra che per motivi diversi ha difficoltà ad accettare una situazione insopportabile. Molti ragazzi non vanno più a scuola e già dall'adolescenza si ritrovano abbandonati a se stessi, con i genitori spesso disoccupati».

Qual è il rapporto con il resto della città?

«Queste periferie sembrano lontane anni luce dal resto delle città. Personalmente sono convinto che la passione per una meta da raggiungere aiuti moltissimo a realizzarsi nella vita. Per me è stata la lirica, ma conosco amici della mia stessa generazione, e come me di Clicly-sous-Bois che sono riusciti ad affermarsi. Forse oggi le possibilità sono più limitate, il tasso di disoccupazione non è quello di 20 anni fa, i sobborghi si sono ancor più ghettizzati, le soluzioni studiate dai governi, non sono state sufficienti ad evitare una situazione esplosiva».

Che sentimenti prova nei confronti dei luoghi dove è cresciuto?

«Sentimentalmente sono sempre rimasto legato a Clichy-sous-Bois, dove ho trascorso anni molto belli che in fondo mi hanno formato. Poi l'ho lasciata per andare ad abitare a Lione, prima di ritornare a Parigi».

Secondo lei di che cosa ha bisogno la banlieue?

«Probabilmente di prospettive di un futuro positivo, con un atteggiamento meno aggressivo da parte della forza pubblica, con iniziative non soltanto per attività sportive ma anche culturali per i giovani, con una politica sociale più generosa, non soltanto per i giovani ma anche per le loro famiglie, locali più salubri e più capienti. Se ci fossero le condizioni di una vita normale, come c'erano ai miei tempi a Clichy-sous-Bois, le banlieues tornerebbero tranquille come lo erano all'epoca in cui sognavo di diventare tenore e cantare alla Scala».
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«L'important, c'est de toucher le coeur des gens»
Annie Grandjanin, Le Figaro  23 November 2005

Coup de maître encore une fois pour Roberto Alagna qui, après avoir merveilleusement incarné Alfredo dans La Traviata ou encore Rodolfo dans La Bohème, met aujourd'hui sa voix de ténor au service du répertoire de Luis Mariano avec un album déjà disque d'or et un concert au Palais des Congrès.

Cet hommage, c'est, paraît-il, une promesse faite à votre grand-mère?

Oui, et aussi à mon manager, Lévon Sayan. Cela a pris du temps parce que je ne voulais pas trahir Mariano et ses fans. Je n'étais pas sûr d'être à la hauteur. Quand j'ai monté ce projet, je me faisais plaisir tout en pensant que les gens qui seraient intéressés ne me connaissaient pas et que ceux qui me connaissaient n'allaient pas suivre. J'y ai mis tout mon coeur et le succès dépasse mes espérances.

Pourtant, l'opérette est souvent considérée comme un genre mineur, non?

Mais ce n'est pas de l'opérette ! Mariano et Lopez ont créé un genre particulier. Pour moi, c'est plus proche du music-hall et de la comédie musicale.

Comment expliquez-vous que votre album soit classé dans le top des disques classiques?

Parce que je suis connu dans ce secteur, mais il est aussi en bonne place dans le top des albums pop au même titre que la Star Ac' ou Hallyday.

Justement, les puristes vous ont-ils reproché votre participation à la Star Ac'?

Grâce à ce genre d'émission, les gens se sont aperçu que chanter, ce n'était pas évident et ils ont redécouvert du même coup la chanson à voix, la mélodie et des artistes comme Lama ou Aznavour. Ce sont de vrais chanteurs, comme Hallyday. Quand j'étais gamin, on disait qu'il gueulait, mais c'est faux. C'est un type qui maîtrise sa technique. Il a une voix et ça sort. Ce qui a tué la chanson, c'est plutôt le disco et le karaoké.

Le lyrique reste tout de même très élitiste?

C'est un faux débat. L'opéra n'a jamais été aussi populaire ! A partir du moment où on s'intéresse à la voix, aux mélodies et aux textes, on est obligé d'aller vers l'opéra parce que c'est le spectacle le plus complet qui existe. De toute manière, l'important, c'est de toucher le coeur des gens, d'apporter du renouveau en restant respectueux de la tradition.

Que pensez-vous des comédies musicales?

J'adore ça ! Le problème, c'est qu'en France, certaines ont tout juste un tube ou carrément rien du tout. Si on reprenait les spectacles de Lopez en les modernisant et en étoffant les histoires, cela pourrait faire des trucs incroyables parce que là, des tubes, il y en a plein.

Et si on vous demandait d'y chanter?

Je le ferais.

Aurez-vous des invités sur scène, comme sur l'album?

On retrouvera Elie Semoun et Jean Réno mais aussi Laurent Gerra. J'ai aussi demandé à Johnny Hallyday et Florent Pagny de me rejoindre sur scène. J'espère qu'ils pourront se libérer.

Vous vous êtes exprimé dernièrement sur les problèmes en banlieue. Pourquoi?

Parce que je suis né et que j'ai grandi en banlieue. Je trouve que je suis assez bien placé pour dire qu'on peut s'en sortir ! Le tout, c'est d'avoir une passion et de s'y accrocher.
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Roberto Alagna
Roland Mihaïl et Antoine Silber, L'Express, 24 November 2005

Votre principale qualité?

Je suis fidèle à ce que j'entreprends. Et aux gens que j'aime.

Et votre principal défaut?

Je suis trop changeant. C'est déstabilisant pour mon entourage.

Votre dernier fou rire?

Un soir, à Monte-Carlo, en chantant La Bohème. Ça m'a pris au moment le plus tragique, quand ma partenaire mourait dans mes bras. Toute la salle riait

Et la dernière fois que vous avez pleuré?

Quand j'ai perdu ma grand-mère. C'est elle qui m'a donné envie de chanter Luis Mariano. Sur son lit de mort, elle me disait encore: «Ça fait des années, Roberto, que je te dis que tu chantes mieux que lui!»

A quel moment de votre vie avez-vous été le plus heureux?

Peut-être le 14 juillet dernier, quand j'ai chanté La Marseillaise place de la Concorde, devant la tribune présidentielle.

Votre compositeur préféré?

Berlioz. Il était extravagant, hors normes. Et puis il est l'auteur du plus beau duo d'amour que je connaisse: Nuit d'extase et d'ivresse infinie, dans Les Troyens.

Vos écrivains favoris?

Victor Hugo, Balzac. Et Frédéric Dard. Des hommes hors normes, eux aussi.

Votre héros aujourd'hui?

Lance Armstrong, un vrai extraterrestre.

Votre héros dans la fiction?

Zorro.

Votre film culte?

Les Lumières de la ville, de Chaplin.

La chanson que vous sifflez sous votre douche?

Du Presley ou du Sinatra.

Si vous deviez changer une chose dans votre apparence physique?

J'aurais le visage plus mince. Quand vous chantez, à force d'ouvrir la bouche, vous avez le visage qui s'élargit, ça vous fait presque un double menton. C'est peut-être ça qu'on appelle la grosse tête

Le talent que vous aimeriez avoir?

Parfois, j'aimerais jouer l'homme invisible.

Votre plus grand regret?

J'aurais peut-être dû m'occuper davantage de ma première épouse, qui est morte très jeune.

Que détestez-vous plus que tout?

Porter des bagages. Ça, j'en ai marre.

Et qu'avez-vous réussi de mieux?

Ma fille, Ornella, qui a 14 ans et qui est magnifique.

Quel serait votre plus grand malheur?

De ne pas la voir grandir.

Comment aimeriez-vous mourir?

D'un seul coup.

Et votre devise?

C'est en prenant des risques qu'on soigne ses peurs.
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This page was last updated on: February 26, 2006